Tuesday, October 03, 2006

Stephen Fretwell "Magpie", que c'est beau d'être triste !

Après une journée de merde, rien de mieux qu'un disque. Une thérapie en quelque sorte. Un disque vous mettant en quelques instants dans un état d'apaisement total, un disque vous plongeant dans un univers soudain léger, une voix, une guitare, quelques doux impacts de caisse claire, un piano discret... Et votre journée de merde se transforme en instant de bonheur mélancolique, celui qui nous fait aimer contempler cette satanée pluie un dimanche d'automne. Magpie est de ces disques là.
Le premier opus de Stephen Fretwell commence par du... silence, puis quelques arpèges de guitare folk, sa voix apparaissant ainsi doucement : "Green eyed monsters on the shore, Playin hand in hand,...". Un sentiment de vide vous emplit, vous vous détendez puis vous laissez transporter par ces quelques notes de piano et cet orgue intriguant accompagnant désormais notre jeune anglais.
Après ce sublime "Do You Want To Come With?" arrivent quelques solides ballades, "What's That You Say Little Girl" ou "Run" . "Rose" avec ses arpèges de guitare électrique et ses "backing vocals" peut susciter néanmoins un peu de déception par son côté répétitif. Puis viennent "lost without you", une ballade guitare/piano bien sentie, et surtout "Emily", morceau renversant de dépouillement, splendide. Ensuite, "Lines" et "New York", compositions aérées et efficaces vous laissent dans cette même beauté triste. Stephen terminera son disque par un "Rain" planant et un mystérieux "If you go".
Le garçon en fait peu mais conserve l'efficace, l'authentique, l'essentiel. Pas de grands gestes ou de grands cris insupportables comme les aiment les affreux "variéteux" (souvent canadiens d'ailleurs) envahissant nos chaines de télé, mais juste des émotions, quelques accords, des choses à raconter... mais avec les yeux qui brillent, surtout. Merci Stephen.

Sunday, April 23, 2006

David Gray - Un "Slow Motion Tour" de toute beauté !

Huit années se sont écoulées depuis la sortie de l'album "White Ladder", le songwriter britannique n'en était pas à son premier essai, mais c'est grâce à cet opus au son intimiste que l'Europe découvrit sa voix au timbre si particulier. Après un "A New Day At Midnight" particulièrement décevant, David Gray remettait le couvert en cette fin d'année 2005 pour nous livrer un "Life In Slow Motion" merveilleux, alternant ballades folk et complaintes au piano, le tout agrémenté de cordes et d'arrangements soyeux.
Me voici donc, le 23 janvier 2006 devant le Bataclan, dans le but de découvrir en live des morceaux passés en boucle ces dernières années. Deux guitaristes flamenco particulièrement doués en première partie, puis notre David se présente sur son piano droit et nous chante "Alibi", l'entrée en matière du dernier album. Le son est splendide, la voix parfaite, le piano profond. Notre Irlandais enchaîne les morceaux avec une précision déconcertante, arborant au passage une éblouissante Martin&Co D45. Le batteur Clune, affublé comme à son habitude d'une étrange chemise hawaïenne, déborde d'énergie. Tim Bradshaw est toujours là, tiré à quatre épingles, manipulant claviers, guitare (une belle Fender Jazzmaster) et lap steel, ainsi que le bassiste Rob Malone. Caroline Dale, qui accompagne aussi David Gilmour (dvd unplugged notamment), est solidement installée au violoncelle... électrique au son un peu trop... électrique, dommage. Enfin le guitariste Dave Nolte distille des arpèges bien sentis. La section rythmique est parfaite.
La salle s'embrase subitement lorsque David s'installe au piano et commence "Please Forgive Me". Le public est branché sur 220V. Le superbe "Night Blindness", au nappes ennivrantes, est particulièrement réussi. Ensuite le concert prend un peu de longueur, parmi quelques bons titres, quelques ballades peinent à vraiment faire décoller le concert. Puis... "This Years Love", un grand moment d'émotion, la voix est merveilleuse, les accords sont plaqués lentement sur les touches, donnant au morceau un caractère profond, magique. Ensuite "Babylon". Et là, l'explosion, toute la salle reprend le refrain, pendant ce temps là, David se marre... "Let go your heart, Let go your head, And feel it now, Babylon, Babylon...". L'énergique "Friday I'm In Love" viendra clôturer un concert réussi.
L'achat du tout récent dvd s'impose, pour la raison toute simple qu'il est splendide.

Sunday, March 05, 2006

David Gilmour "On An Island", la montagne a accouché d'une souris...

Tout le monde l'attendait, le monstre sacré du rock, guitariste du groupe légendaire Pink Floyd, devait sortir un album en ce début d'année. Il faut bien avouer que la précédente tournée (sortie en dvd) a bouleversé tous les fans, retrouvant avec grand bonheur les standards des "Floyd" revisités avec sa magnifique guitare Taylor et ses talentueux musiciens acoustiques; violoncelle, contrebasse, piano à queue, choeurs... Tout y était.
L'enjeu était donc de taille, quand on possède un tel talent et réalisé une telle carrière, on se doit de mettre les petits plats dans les grands... Pour la préparation de cet opus, David s'est donc adjoint les services de Phil Manzanera (Roxy Music), du compositeur Zbigniew Preisner (BO des films "Le Décalogue" et "La Double Vie de Véronique") et de vieux amis tels que les countrymen David Crosby et Graham Nash, le claviériste des "Floyd" Richard Wright, et enfin le génial Robert Wyatt, auteur de disques éblouissants ("Rock Bottom" notamment).
Le disque commence par "Castellorizon", un semblant de musique de film, plus de deux minutes de nappes de synthé quand survient la guitare électrique de Gilmour, le phrasé est toujours superbe, le son est magnifique mais le morceau, une introduction du disque, n'a rien d'extraordinaire. Puis vient deux ballades, "On A Island", sans grande originalité, contenant presque trois minutes de solos, remarquez, il aime ça notre ami David... Puis un "The Blue" un peu fadasse. "Take a Breath" sonne un peu comme le Pink Floyd de la grand époque mais la qualité de la composition n'est pas transcendante, le morceau un peu répétitif. La suite, "Red Sky at Night", n'est en fait qu'un solo de saxo de trois minutes sur de très plates nappes de synthé. Aucun intérêt.
Puis David nous offre un blues gentillet, "This Heaven", et un "Then I Close My Eyes" totalement instumental, dans lequel il montre toute sa maîtrise du slide. Certes, le bonhomme est excellent musicien mais on se croirait dans une scène d'amour du "Titanic". Ensuite "Smile" est un titre joué dans la précédente tournée, une ballade à la guitare sèche, bof, bof.
Le disque approche de la fin, "A Pocketful of Stones", une musique de film à grand renforts de violons, s'éloigne complètement de ce qu'attendent les fans de Pink Floyd... Enfin l'album se termine par une ballade, "Where We Start" toujours ornée de nappes de synthé et de solos "gilmouresques", que j'aurai sans doute très vite oubliée.
Après cette écoute mes sentiments restent très mitigés, certes, le monsieur n'a rien perdu de son sublime touché, les ballades sont bien écrites, les enchainemenst d'accords bien trouvés mais le tout a tendance à verser dans l'insipide. Les nappes de synthé ajoutent un côté grotesque à la réalisation, et les solos de trois minutes, c'est malheureusement devenu "Has Been". Je me demande d'ailleurs quel fut l'apport de Robert Wyatt là-dedans... Quant à Stills & Nash, ça fait longtemps que nos deux "folkeux" sont tombés dans la suffisance et la non-créativité.
Ce disque est une déception, n'ayons pas peur des mots !

Saturday, February 18, 2006

"Ballad of The Broken Seas", thank you, Isobel !

Isobel Campbell, qui a quitté Belle & Sebastian, le fabuleux groupe écossais de folk/pop, a rencontré il y a peu le chanteur américain Mark Lanegan. C'est au cours d'un concert qu'ils firent connaissance et se promirent de se revoir. C'est chose faite désormais. L'association est plutôt surprenante, tant le décalage est important entre la jolie écossaise à la voix fluette et le rocker mauvais garçon, ancien membre des Screaming Trees et de Queens of The Stone Age. C'est Isobel qui a pris les choses en main en composant les douze titres de cet opus au son très country/folk. Les titres s'enchainent très bien, la douce voix de la belle Isobel s'accomodant fort bien avec celle, très rocailleuse, du rocker américain.
Le disque ne commence pourtant pas par le meilleur titre, "Deus Ibi Est" fait plus figure d'introduction, en quelque sorte. Ensuite, "Black Mountain" avec ses arpèges de guitare sèche et ses belles lignes de violoncelle ainsi que "The False Husband" avec sa guitare électrique vintage et ses cordes bien senties nous plongent dans l'univers de la demoiselle.
La ballade au piano, "Ballad Of The Broken Seas", se révèle très efficace de simplicité et de beauté, le violoncelle ajoutant un côté classieux au titre. Le duo chante ensuite un magnifique "Revolver", teinté d'amertume, aux percussions sombres, l'apothéose. Les voix sont splendides.
Le très acoustique "(Do You Wanna) Come Walk" rappelle les derniers albums magnifiques de Johnny Cash, un grand moment.
La première réalisation du duo est réussie, la jeune écossaise nous livre là un très beau disque; l'opposition de style de ces deux musiciens, se révélant particulièrement complémentaires, ajoute un côté très authentique à l'opus. L'enregistrement est excellent, les instruments s'entrelacent habilement sans se chevaucher, le violoncelle donne des frissons.
Un très très bon disque. Merci Isobel !

Sunday, January 22, 2006

La belle Katie Melua s'essouffle

Lorsqu'en 2003 est sorti "Call Off The Search", la critique fut mitigée, tantôt une talentueuse chanteuse au repertoire jazzy, tantôt un produit marketing formaté "jazz au rabais" porté par des maisons de disques surtout désireuses d'emmener la jolie britannique dans le sillon de Norah Jones et récupérer ainsi quelques millions. Il faut dire qu'ils ont mis le paquet, diffusions en boucle du titre "The Closest Thing To Crazy", apparitions télés, des pubs la présentant comme la nouvelle diva jazz...
Si l'écoute de son premier opus se révélait rafraichissante, des morceaux bien sentis, des ambiances variées à tendance folk rappelant la regrettée Eva Cassidy, en revanche, le second devient rapidement assez fade.
Le disque commence pourtant par un "Shy Boy" jazzy assez agréable, les parties de guitares donnant une relative bonne tenue au morceau. La suite se dégrade rapidement. Le "Nine Million Bicycles", avec ses flûtes très mal choisies, et le trop propre "Piece By Piece" deviennent rapidement agaçants. Les titres se succèdent sans convaincre pour autant. Ensuite, "Blues in the Night" au piano, n'a de "blues" que le nom, le solo d'harmonica ne permet malheureusement pas de relever niveau du titre, trop plat. Le blues, ça sent la clope et le whisky.
On s'ennuie ferme sur "Spider's Web" et "Blue Shoes". La reprise "On The Road Again" tranche avec le reste, et arrive à point, je commençais à somnoler. Le titre accueille des cuivres bien sentis, de très bonnes parties de guitares. A noter le plutôt sympathique "Juste like Heaven" de The Cure. S'attaquer à ce monument était très courageux, le résultat se révèlant assez probant, même si Robert Smith appréciera peut-être plus les yeux de la petite que la tournure de sa composition. Le disque se termine par "I Cried For You" et "I Do Believe In Love", deux ballades insippides à grand renfort de violons qui ne présentent que peu d'intérêt.
Pour ce deuxième album, la petite américaine ayant passé la majeure partie de sa vie en Irlande, nous propose un disque vraiment trop lisse, les voix débordent de réverbes, faisant perdre à l'ensemble son côté authentique. Les parties cordes sont très décevantes, des nappes jouées par un orchestre n'apportant pas l'effet de proximité d'un quatuor. Le tout sonne donc très variété, il faut plaire au grand public. Katie Melua faisait du folk sympathique tendance jazzy, maintenant, elle fait de la soupe "violonnisée" tendance Hélène Segara.
Quel gachis, sales maisons de disques !

Thursday, December 29, 2005

The Strokes "First Impressions Of Earth", des riffs et des riffs

Les cinq New-Yorkais de The Strokes sortent leur troisième opus en ce début d'année 2006. Il faut bien avouer que le très bon "Is This It" avait révolutionné le monde du rock, dehors les réverbes et claviers pompeux, deux guitares aux riffs électriques, une voix déglingo et un "staaa-yle" pour le moins vintage, jeans moulants, Converses, coupes seventies... bref, de quoi filer un bon coup de vieux à nos "stoneux" Mick et Keith.
L'ouverture est assez extraordinaire, l'album commence par l'excellent titre "You only live once", les lignes de basse sont bien placées, les riffs hargneux, le tout est très bien orchestré, dans la lignée de ce dont nous a habitué le quintet. La suite, en revanche, est plus expérimentale, après le bizarre "Juicebox", quelques titres tranchent vraiment avec l'esprit du groupe, Julian Casablancas se permettant même quelques timides envolées à la Matthew Bellamy. "Ask me anything", entièrement au violoncelle, confirme l'impression de volonté d'évolution, les derniers titres restant un peu plus "strokisés".
Les cinq américains au son très british signent là un bon disque, meilleur que le deuxième "Room On Fire" assez pâle, mais pas transcendant non plus. La production, quant à elle, est très bonne, les guitares ressortent à merveille du mix, leur nouvel ingé son a fait du bon travail. Le troisième album, toujours un challenge difficile à relever, fut l'occasion pour eux de se "moderniser" sur quelques titres et nous montrer autre chose. La tournée enverra, à coup sûr, la banane !

Wednesday, December 28, 2005

Damien Rice "O", splendide


C'est en effet un peu tard, que je décide de vous parler du premier album du compositeur irlandais Damien Rice qui va sortir au printemps son second opus.
"And so it is, juste like you say it would be, life goes easy on me..." est l'entrée en matière du film Closer, film de Mike Nichols. Juste après la séance, je me précipite sur google et découvre l'interprête de ce sublime morceau, il s'agit de Damien Rice. Je me procure le disque et... la claque.
10 morceaux de guitare acoustique oscillant entre douceur et colère, entre poésie et mélancolie, sous quelques lignes de violoncelle. L'entrée en matière, "Delicate" nous plonge dans l'univers du bonhomme, une batterie et une basse discrètes, une guitare sèche et du violoncelle. Le merveilleux titre "The Blower's Daughter" nous arrive comme une révélation, la voix de Lisa Hannigan apportant un côté touchant à la réalisation.
Les titres s'enchainent comme par magie, "Older Chests", "Amie", "Cold Water" jusqu'à cet étrange "I remember" où Damien laisse éclater sa colère dans un vacarme éblouissant. Puis, pour terminer ce disque, le magnifique "Eskimo", en ternaire, où notre irlandais nous parle de ses peines juste avant le superbe crescendo final relayé par une diva, vous terminez ce disque au beau milieu d'un opéra.
L'authencité à l'état brut, comme le son de ce disque sans fioritures, couvert de cordes mais à aucun moment grandiloquent, qui vous transportera dans un monde mêlé de poésie et d'amertume.
Un grand album d'un artiste malheureusement trop méconnu.

Chris Stills, le "fils à maman"


Lors du concert de Tom McRae à l'Olympia en novembre 2005, j'ai eu le bohneur de découvrir Chris Stills le fils du chanteur de country américain Stephen Stills et de notre Véro nationale, Sanson bien sûr. La notion de famille doit être très importante pour le jeune homme, car la maman est solidement installée au milieu au balcon, au 1er rang, équipée de lunettes très "bonoesques".
Je jette un oeil sur le matériel, des superbes guitares (folk Gibson, SG std,...) bref, le père Noel a été généreux...
Mais le problème est vite apparu lorsque le concert a commencé, nous avons donc eu le plaisir d'écouter presque une heure de chansonnettes ringardes pour midinettes. Des morceaux correctement joués, heureusement d'ailleurs, mais d'une niaiserie assez consternante. Quelques solos de Gibson sur 2 cordes, de la petite soupe en pseudo picking orné de textes grotesques... et... des commentaires entre les morceaux assez déconcertants !!
"Ouais, j'étais l'autre soir avec Jean-Louis Murat, et on a écrit ce morceau ensemble" ou un magnifique "Yeahhh, je viens de Califowwwnie mais j'ai choisi la France".
Plus les morceaux s'enchainaient, et moins tout cela devenait supportable à vrai dire.
Et... le clou du spectacle, un morceau au piano electrique chanté carrément comme sa tendre "mo-man", avec une "voiaaaaaa-hi-aaaa" pour le moins agaçante.
Non, trop c'est trop.
Heureusement après cette heure de supplice digne d'un concert de Lara Fabian ou de Loup Garou (Imaginez un peu...), est apparu Tom McRae, notre petit Anglais talentueux qui nous a offert une superbe prestation, pleine de générosité, de sensibilité et d'émotions.
Pendant ce temps-là, Véro avait quitté les lieux, l'envie d'enlacer son rejeton ou... peut-être aussi, l'appel du litron... Bref, offrir l'Olympia à ce trou-du-cul sans talent est un crime.
Dono